Réunissant plus de 35 champions de l'autosoins du Bénin, de la République démocratique du Congo, du Ghana, du Kenya, de Madagascar, du Malawi, du Mozambique, du Nigeria, du Togo, de l'Ouganda et de la Zambie, le Collaboratif pour l’accès aux injectables (CA) a organisé deux ateliers régionaux au début de cette année.
Tenus à Cotonou (Bénin) pour les pays francophones et à Nairobi (Kenya) pour les pays anglophones et lusophones, ces ateliers ont permis de partager des expériences, analyser des données récentes, évaluer les ressources et élaborer des stratégies de plaidoyer.
Issus du réseau de leaders locaux, régionaux et mondiaux de l'initiative des ambassadeurs de l'auto-injection du CA, les participants sont unis par une mission essentielle : accroître l'accès des jeunes filles et des femmes à un large éventail d'alternatives de planification familiale, notamment l'auto-injection de contraceptifs.
Ces rencontres ont été saisies pour créer et renforcer les liens transnationaux du réseau des ambassadeurs, comprenant des représentants des ministères de la santé, des pharmaciens, des leaders de la société civile et des professeurs d'université. Ces connexions transnationales ont été élargies à des discussions sur WhatsApp et à travers des échanges virtuels d'apprentissage.
À l'issue des rencontres, trois ambassadeurs ont porté leur plaidoyer en faveur de l'auto-injection, partagé les enseignements à tirer et leurs réflexions sur les perspectives d'avenir.
Qu'est-ce qui motive ces partisans de l'auto-injection ?
“Je soutiens les femmes dans la prise des bonnes décisions pour elles. Ainsi, nous pouvons faire avancer le pays !”— Anne-Marie Tumba Benabiabu, ministère de la santé de la RDC
Le plaidoyer porté par les ambassadeurs en faveur d'un accès accru à la contraception est souvent impulsé par leurs convictions personnelles.
Le Dr Anne-Marie Tumba Benabiabu, directrice du programme national de santé de la reproduction au ministère de la Santé de la RDC, a rejoint l'initiative dès son lancement en 2020 pour soutenir et influencer les politiques de santé favorables aux femmes de son pays.
« Je me suis engagée en faveur de l'auto-injection parce que je suis avant tout une femme et une fervente militante. Renforcer les capacités d'autonomisation des femmes est essentielle pour réduire la pauvreté. Nous devons faire des enfants par choix, et non par hasard. Je soutiens les femmes dans la prise des bonnes décisions pour elles. Ainsi, nous pouvons faire avancer le pays ! », souligne-t-elle.
Pour le Dr Kayode Afolabi, directeur exécutif du Conseil de la santé reproductive et de la survie de l'enfant au Nigéria, « il est impératif d'étendre l’accès à l’auto-injection dans l’ensemble du système de santé nigérian, notamment pour les personnes vivant dans des zones isolées et reculées ».
« L'auto-injection offre une autonomie aux femmes et améliore l'accès aux services de planification familiale », explique-t-il.
« Nous nous soucions particulièrement des jeunes filles et des femmes au Nigéria qui vivent en milieu rural où elles n'ont pas facilement accès aux structures de soins de santé de base, notamment aux services de soins de santé primaires. C'est pourquoi je suis convaincu qu'en portant le plaidoyer en faveur de l'auto-injection, l'accès à la planification familiale volontaire pour les femmes et les jeunes filles qui le souhaitent va être amélioré.
“Au Nigéria, nous nous soucions des conditions des jeunes filles et des femmes vivant dans les zones rurales où elles n'ont pas forcément accès aux services de soins de santé de base.”— Kayode Afolabi, Santé reproductive et survie de l'enfant, Nigeria
Les jeunes filles et les femmes des zones rurales doivent souvent parcourir de longues distances pour se rendre au centre de santé le plus proche, où elles risquent de trouver la structure fermée ou d'être confrontées à des temps d'attente très longs. En offrant aux femmes la possibilité de recourir, comme il leur convient, aux contraceptifs auto-injectables, cela leur permet d'utiliser la méthode de planification familiale de leur choix malgré un accès limité aux établissements de santé et aux prestataires de soins.
La récente ambassadrice, Mme Nelly Munyasia, directrice exécutive du Réseau Kenyan de santé de la reproduction, considère son engagement dans l'initiative des ambassadeurs de l'auto-injection du CA comme un excellent moyen de renforcer son expertise technique et d'en apprendre davantage sur les données probantes et dernières informations du secteur.
« J'aide les femmes à gérer leurs besoins en matière de planification familiale. En tant que prestataire de soins de santé, je suis consciente des défis auxquels les femmes continuent d'être confrontées au Kenya et dans l'ensemble des pays du Sud. J'utilise ma voix pour m'assurer que les femmes comprennent que l'auto-injection est possible et qu'elles peuvent le faire dans le confort de leur foyer », explique-t-elle.
“J'utilise ma voix pour m'assurer que les femmes comprennent que l'auto-injection est possible et qu'elles peuvent le faire dans le confort de leur foyer.”— Mme Nelly Munyasia, Réseau de santé reproductive au Kenya
Avec des ambassadeurs motivés, quelles sont les prochaines étapes ?
Au terme des ateliers, les ambassadeurs étaient prêts à mettre en place des stratégies adaptées au contexte de leurs pays respectifs en vue d'améliorer l'accès aux contraceptifs - Ceci en travaillant en étroite collaboration avec les dirigeants locaux du Collaboratif pour l’accès aux injectables ainsi que les membres du réseau de l'initiative des ambassadeurs de l'auto-injection pour tirer parti des approches de plaidoyer à fort impact.
Au Kenya, Mme Munyasia prône pour un soutien continu des femmes en faveur de l'auto-injection de contraceptifs, et les conforter dans leur conviction. Pour elle, l'accès des produits contraceptifs auto-injectables devraient même être élargi aux prestataires non traditionnels, tels que les vendeurs de médicaments. Elle salue l'appui de l'initiative des ambassadeurs de l'auto-injection et le CA ainsi que les outils de sensibilisation mis à disposition.
S'inspirant de l'expérience du Ghana présentée lors de l'atelier, le Dr Afolabi plaide pour l'élargissement au Nigeria de la couverture de l'assurance maladie aux services de planification familiale. D'après lui, ceci permettra de prendre en considération l'auto-injection dans les programmes d'assurance maladie nationaux. La collaboration avec les ambassadeurs de l'auto-injection du Ghana et de l'Ouganda, avec lesquels nous partageons des défis communs, est également important, ajoute-t-il.
En RDC, le Dr Benabiabu préconise le partage d'informations et les enseignements tirés lors de l'atelier avec les acteurs locaux du planning familial pour résoudre notamment les problèmes liés à la chaîne d'approvisionnement. Elle salue l'étroite collaboration ainsi que le soutien continu du CA en matière de sensibilisation, d'amélioration des politiques et de renforcement de la formation des prestataires de santé.
Quelques mois après l'atelier, les ambassadeurs de l'auto-injection ont enregistré d'importants progrès dans la réalisation de leurs objectifs nationaux. En RDC, les ambassadeurs ont lancé, à l'occasion de la Journée mondiale de la contraception 2024, une campagne de sensibilisation numérique autour de l'auto-injection. Au Nigeria, les efforts des ambassadeurs ont abouti à une récente mise à jour des protocoles de distribution des auto-injections, ce qui va favoriser une plus grande autonomie en matière de santé reproductive pour les jeunes filles et les femmes et permettre aux auto-injecteurs qualifiés d'utiliser à domicile des dispositifs DMPA-SC supplémentaires. Au Kenya, l'auto-injection commence à se développer à mesure que les directives nationales d'autosoins sont mises en pratique.
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